Généralement, la motivation est déterminante pour atteindre un certain niveau de performance et ce quel que soit le contexte considéré. Certains secteurs regorgent de « techniques » diverses permettant de motiver leurs apprenants, commerciaux ou salariés.
L’une de ces « techniques » est l’utilisation d’un ou de plusieurs objectifs.
Effectivement, la recherche confirme que la mise en place d’un objectif a un effet sur l’effort, l’apprentissage ou encore le nombre de ventes. Cependant, elle met également en évidence qu’un objectif doit correspondre à un certain nombre de caractéristiques pour produire ces effets. Dans le cadre de l’apprentissage de textes, Laporte et Nath (1976) ont comparé trois types de buts.
Dans un premier groupe, ils ont demandé aux participants de « faire de leur mieux » pour répondre à un maximum de questions qui leur seraient posées à l’issue de la période d’apprentissage. Dans un deuxième groupe, ils ont demandé de répondre correctement à 5 questions sur 20, ce qui correspond à un but facile à atteindre. Enfin, dans un troisième, ils ont demandé de répondre correctement à 18 questions sur 20, ce qui correspond à un but difficile à atteindre.
Les résultats indiquent que seul le dernier but a un effet significatif sur l’apprentissage du texte. En fait, la recherche montre que l’essentiel n’est pas d’avoir un objectif mais d’en avoir un qui respecte deux caractéristiques essentielles : la spécificité et la difficulté.
La spécificité est liée à la définition de quelque chose de mesurable d’une manière ou d’une autre dans le cadre d’un standard à atteindre.
Par exemple, si dire à une personne qu’elle doit aller le plus vite possible pour réaliser une tâche est bien un objectif, ce dernier ne peut être quantifié (plus vite par rapport à quoi ? sur quel critère ?) et n’est donc pas spécifique. Par contre, lui dire qu’elle doit lire un texte en moins de 20 secondes est un objectif quantifiable par rapport à un standard et est donc spécifique.
La difficulté d’un but est une fréquence qui revient à se poser la question suivante : combien de personnes arrivent à atteindre ce standard ? Les chercheurs utilisent les personnes qui n’ont pas de but ou un but vague pour observer cette fréquence. Un standard qui n’est atteint que par 20 % des personnes sans objectif est considéré comme un but difficile. En règle générale, c’est ce type de difficulté qui permet d’observer un impact significatif sur les performances.
Cependant, s’il est parfois compliqué et délicat de définir un but, il existe de nombreuses situations où l’assignation d’un but difficile reposant sur un ou plusieurs critères quantifiables n’est pas souhaitable.
En effet, il est impératif de tenir compte de la difficulté de la tâche et du niveau d’expertise de l’individu. Quand un novice doit résoudre sans possibilité d’entraînement une tâche complexe avec un but difficile et spécifique, la recherche montre sans ambiguïté que cela le conduit à une contre-performance. En effet, pour que le but agisse, il est nécessaire que l’individu ait dans son répertoire une stratégie efficiente et qu’il soit suffisamment expérimenté pour la mettre en place.
C’est ce qui explique que, face à une tâche complexe, le fait de ne pas avoir d’objectif ou un but vague mène à une meilleure performance. En effet, quand il est confronté à une activité complexe, l’individu doit d’abord prendre le temps de trouver la meilleure stratégie pour ensuite être en mesure de l’optimiser. Si l’individu a un objectif spécifique et difficile durant cette phase de recherche, il va prendre la première stratégie qui mène un tant soit peu à la réussite. Généralement, cette stratégie n’est pas « gagnante » et le conduit en quelque sorte à « faire compliqué quand il est possible de faire simple ».
De même, si la tâche est complexe, l’individu va rechercher la stratégie qui conduit à la réussite en abandonnant d’autres critères qui peuvent être intéressants par ailleurs.
Par exemple, si le but est de lire le plus vite possible un texte, il ne faut pas s’étonner de ce que la stratégie mise en place conduise ensuite l’individu à ne rien comprendre à ce qu’il lit. L’atteinte des standards ne se fait pas par magie et conduit l’individu à optimiser ses stratégies en provoquant des effets secondaires qui ne sont pas tous prévisibles.
Pour conclure, il est possible de dire que si l’utilisation d’un objectif peut s’avérer relativement efficace, il ne s’agit pas d’une panacée, et une connaissance fine des paramètres et de l’activité est une condition nécessaire pour mettre en place des objectifs réellement efficients.
À RETENIR DE CES RECHERCHES
- La mise en place d’un objectif a un effet sur l’effort, l’apprentissage, le nombre de ventes, et plus généralement sur la performance.
- Les objectifs doivent respecter deux caractéristiques : la spécificité (mesurable) et la difficulté (atteint par moins de 10 % à 20 % des personnes sans objectif).
- Cependant, face à une tâche complexe peu atteignable, le fait de ne pas avoir d’objectif mène à une meilleure performance.
- Une connaissance fine des paramètres et de l’activité est une condition nécessaire pour mettre en place des objectifs réellement efficients.